dimanche 11 janvier 2015

J'ai trouvé Charlie.

Bonjour à tous et à toutes, et tellement heureux de revenir ici.

Certes les circonstances le sont bien moins que moi mais elles ont au moins le mérite de me donner l'envie de vous retrouver et de venir dépoussiérer ce petit coin de liberté.

Vous en conviendrez, le climat de ces derniers jours n'est pas ouvertement propice à l'humour et à la rigolade. Cet article n'aura donc pas la plume frivole et décalée que certains ont pu apprécier par le passé, mais elle n'en demeurera je l'espère pas moins acérée.

Plus d'un an que j'ai laissé cette page vierge, et non sans regret, me laissant déborder sans excuse par la procrastination, satanée barrière à ma propre créativité.

Pour les plus fidèles, vous imaginez que le sujet abordé ne sera pas entièrement directement lié au web, milieu que nous avons adoré analyser ensemble, qui a d'ailleurs été à l'origine de ce blog et de nos échanges. Ce sera cette-fois ci juste un moyen de partager, bien que cela ne soit pas dans mes habitudes, les émotions qui m'animent autour de cette tragique actualité.

Je vous épargne l’offense de revenir sur celle-ci, ce ne ferait qu'encore plus propager l'horreur et l'ignobilité que nous venons de connaitre sous tous ses aspects.

Avant toute chose, loin de moi l'idée d'afficher une philosophie momentanée ou exacerbée, et encore moins de me présenter comme un invétéré de Charlie Hebdo et/ou défenseur de tout temps de la liberté d'expression. Dire l'inverse serait leur faire affront.

Ma modeste culture générale ne m'avait en effet pas amené jusqu'à connaitre ces célèbres dessinateurs, ni d'ailleurs tous les autres. Je ne connaissais que de ce journal son aspect satirique, libre et provocateur.

Ce sont ces adjectifs qui représentaient l'identité de ces personnes et qui les faisaient vivre, mais qui ont donc comme nous le savons tous aussi été à l'origine de leur perte.

Cet horrible paradoxe étant fait, il restera malheureusement à vie inchangé. Mais il y a tellement de choses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer, à chacun d'entre nous désormais de les réaliser.

Originaire de Toulouse, comme vous le savez, tout a simplement commencé pour moi en voyant mon cher et tendre Capitole accueillir une marée humaine et solidaire quelques heures seulement après les (premiers) faits.

Devant ma télé, je suis resté bouche bée. Bouché bée devant une population qui fait front, et qui se rassemble, stylo, fleur, bougie ou message à la main, et ce partout en France.

Toutes les villes, toutes les régions, toutes les races et religions qui veulent juste rendre hommage, respecter la mémoire et démontrer toute leur solidarité de manière totalement spontanée. 

Alors je dois vous avouer que de mon petit canapé, cet élan national et citoyen a réussi à remplir mon petit corps d'homme à la fois de bonheur et de frissons, me démontrant de la plus belle des manières que de l'Humain tout n'est certainement pas à jeter.

Le mouvement est depuis devenu mondial et nous donne à tous l'opportunité d'en profiter.

Profiter ensemble d'avoir en mémoire toutes ces personnes qui nous ont quitté, pour un statut, une action, ou une religion.

Mais profiter également ensemble de voir que d'une tragédie, des peuples sont capables de créer l'unité pour commémorer et faire vivre des idées.

Profiter de pleurer, se souvenir, marcher en silence, souffrir mais aussi profiter de s'enthousiasmer de voir une population consciente de vivre dans un pays de droits et de liberté, et oser le crier.

Les valeurs humaines sont trop souvent bafouées et critiquées pour ne pas les mettre en lumière quand on peut prendre du temps pour les apprécier.

La marche républicaine du 11 Janvier en a été le parfait reflet. Plusieurs millions de Français et plus d'une quarantaine de Chefs d'Etat marchant ensemble, oubliant au moins momentanément leurs différends.

Parmi les nombreuses déclarations, celle de Jean d'Ormesson restera sûrement la plus humaine et réaliste: "Nous pouvons dépasser ce qui nous oppose, et accentuer ce qui nous unit."

Alors, certes certains symboles utilisés aujourd'hui peuvent être antinomiques avec l'identité même de Charlie Hebdo, et c'est normal. Car tout cela va bien plus loin, tout cela va jusqu'à la prise de conscience de toute une nation du "vivre ensemble", révoltée par un barbarisme qui s'attaque à tout le monde, sans exception.

Etant bientôt un grand garçon de 25 ans, je peux vous faire une confidence.

J'ai passé mon enfance à galérer à chercher un mec dans un livre qui passait sa vie à se cacher. Il s'appelait Charlie, il avait des lunettes et un bonnet.

J'ai souvent fini par abandonner, refermant le livre avec mépris, me laissant narguer par son sourire bloqué sur la couverture, ce qui avait le don, même du haut de mes 10 ans de prodigieusement m'énerver, et ce jusqu'à la tentative d'après.

En fait il était bon ce Charlie, il passait de civilisation en civilisation, se fondant dans la masse, s'adaptant à chaque environnement et ses habitants en gardant le sourire.

Alors, avec le recul je dois l'avouer, il s'est toujours très bien caché. Mais je crois que ce mec-là, aujourd'hui je l'ai enfin vraiment trouvé. 

Parce qu'aujourd’hui, nous sommes tous Charlie, mais parce qu'aujourd'hui aussi nous sommes tous Français.